mercredi, décembre 07, 2005

Conte d'Andersen

La petite
fille aux allumettes


Conte d'Andersen

Il faisait effroyablement froid;
il neigeait depuis le matin; il faisait déjà sombre; le soir
approchait, le soir du dernier jour de l'année. Au milieu des rafales,
par ce froid glacial, une pauvre petite fille marchait dans la rue: elle
n'avait rien sur la tête, elle était pieds nus. Lorsqu'elle
était sortie de chez elle le matin, elle avait eu de vieilles pantoufles
beaucoup trop grandes pour elle. Aussi les perdit-elle lorsqu'elle eut
à se sauver devant une file de voitures; les voitures passées,
elle chercha après ses chaussures; un méchant gamin s'enfuyait
emportant en riant l'une des pantoufles; l'autre avait été
entièrement écrasée.

Voilà la malheureuse enfant
n'ayant plus rien pour abriter ses pauvres petits petons. Dans son vieux
tablier, elle portait des allumettes: elle en tenait à la main un
paquet. Mais, ce jour, la veille du nouvel an, tout le monde était
affairé; par cet affreux temps, personne ne s'arrêtait pour
considérer l'air suppliant de la petite qui faisait pitié.
La journée finissait, et elle n'avait pas encore vendu un seul paquet
d'allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de
rue en rue.

Des flocons de neige couvraient sa
longue chevelure blonde. De toutes les fenêtres brillaient des lumières:
de presque toutes les maisons sortait une délicieuse odeur, celle
de l'oie, qu'on rôtissait pour le festin du soir: c'était
la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.

Enfin, après avoir une dernière
fois offert en vain son paquet d'allumettes, l'enfant aperçoit une
encoignure entre deux maisons, dont l'une dépassait un peu l'autre.
Harassée, elle s'y assied et s'y blottit, tirant à elle ses
petits pieds: mais elle grelotte et frissonne encore plus qu'avant et cependant
elle n'ose rentrer chez elle. Elle n'y rapporterait pas la plus petite
monnaie, et son père la battrait.


L'enfant avait ses petites menottes
toutes transies. «Si je prenais une allumette, se dit-elle, une seule
pour réchauffer mes doigts? » C'est ce qu'elle fit. Quelle
flamme merveilleuse c'était! Il sembla tout à coup à
la petite fille qu'elle se trouvait devant un grand poêle en fonte,
décoré d'ornements en cuivre. La petite allait étendre
ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s'éteignit
brusquement: le poêle disparut, et l'enfant restait là, tenant
en main un petit morceau de bois à moitié brûlé.

Elle frotta une seconde allumette:
la lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente. Derrière,
la table était mise: elle était couverte d'une belle nappe
blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine. Au
milieu, s'étalait une magnifique oie rôtie, entourée
de compote de pommes: et voilà que la bête se met en mouvement
et, avec un couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine, vient
se présenter devant la pauvre petite. Et puis plus rien: la flamme
s'éteint.

L'enfant prend une troisième
allumette, et elle se voit transportée près d'un arbre de
Noël, splendide. Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies
de couleurs: de tous côtés, pendait une foule de merveilles.
La petite étendit la main pour saisir la moins belle: l'allumette
s'éteint. L'arbre semble monter vers le ciel et ses bougies deviennent
des étoiles: il y en a une qui se détache et qui redescend
vers la terre, laissant une trainée de feu.


«Voilà quelqu'un qui
va mourir » se dit la petite. Sa vieille grand-mère, le seul
être qui l'avait aimée et chérie, et qui était
morte il n'y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu'on voit une
étoile qui file, d'un autre côté une âme monte
vers le paradis. Elle frotta encore une allumette: une grande clarté
se répandit et, devant l'enfant, se tenait la vieille grand-mère.

- Grand-mère, s'écria
la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh! tu vas me quitter
quand l'allumette sera éteinte: tu t'évanouiras comme le
poêle si chaud, le superbe rôti d'oie, le splendide arbre de
Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.

Et l'enfant alluma une nouvelle allumette,
et puis une autre, et enfin tout le paquet, pour voir la bonne grand-mère
le plus longtemps possible. La grand-mère prit la petite dans ses
bras et elle la porta bien haut, en un lieu où il n'y avait plus
ni de froid, ni de faim, ni de chagrin: c'était devant le trône
de Dieu.


Le lendemain matin, cependant, les
passants trouvèrent dans l'encoignure le corps de la petite ; ses
joues étaient rouges, elle semblait sourire ; elle était
morte de froid, pendant la nuit qui avait apporté à tant
d'autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa petite main, toute
raidie, les restes brûlés d'un paquet d'allumettes.

- Quelle sottise ! dit un sans-coeur.
Comment a-t-elle pu croire que cela la réchaufferait ? D'autres
versèrent des larmes sur l'enfant; c'est qu'ils ne savaient pas
toutes les belles choses qu'elle avait vues pendant la nuit du nouvel an,
c'est qu'ils ignoraient que, si elle avait bien souffert, elle goûtait
maintenant dans les bras de sa grand-mère la plus douce félicité.

2 Commentaires:

Anonymous Anonyme said...

coucou andrée
Cette histoire je l'ais lu et vu,c'est un conte de noel un peu triste
Je te fais de gros bisous
sylvie de france

décembre 08, 2005 2:24 a.m.  
Blogger cherielle said...

andre , tu n'aurais pas des choses un peu plus gaie a raconter ?j'aime pas commencer la journee en pleurant , ceci dit le conte est tres beau je m'en rappele il a ete raconte en musique dans son temps - 5 heures du matin chez toi et je vois moins 12 degres brrrrrrrr , bonne journee - bisous

décembre 08, 2005 4:49 a.m.  

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